Benetton contre les Droits Indigènes en Patagonie
Adressé à Groupe Benetton
Description
Une activiste Mapuche s'exclame : « Si on n’avait pas l’espoir de récupérer nos terres, on ne serait pas en train de lutter. Si ce n’est pas nous, ce sera nos enfants, mais on ne peut pas reculer maintenant. On connaît déjà la torture, la prison, la mort. On n’a plus peur. ». Mobilisons-nous, soyons la relève de cet espoir.
Les indigènes Mapuches luttent pour la récupération de leurs terres ancestrales, des terres qui aujourd'hui "appartiennent" au Groupe Benetton... Le 10 et 11 Janvier 2017, une quinzaine d’indigènes Mapuches furent RÉPRIMÉS PAR BALLES par 200 gendarmes argentins. Le 10 Janvier, les directives juridiques consistaient non pas à expulser la communauté mais à dégager la barricade située sur le passage d’un train TOURISTIQUE. Le 11 Janvier, sans aucune décision de justice, la police s’en est pris au campement, c’est-à-dire à leur habitat, sans aucun contrôle judiciaire. Là, vivaient une quinzaine de résistants Mapuches, occupant “illégalement” leurs propres terres. Au bilan : enfants terrorisés, hommes et femmes blessés par balles dont deux grièvement. Sur quinze personnes, une majorité de blessés, 10 arrestations et un habitat saccagé.
Ceci n’est pas un événement unique dans cette lutte déjà âgée de 135 ans. Ce n’est pas non plus un cas isolé. Benetton est, comme beaucoup de multionales dans le monde, illégalement propriétaire de terres appartenant à des autochtones qui ont été violemment chassés, et qui continuent de subir depuis leur éviction, de nombreuses violations de leurs Droits fondamentaux (Droits de l’Homme, Droit en tant que “citoyen” de leur République Nationale…).
La Conquête du Désert : un conflit qui aboutit à la colonisation des terres Mapuches par le Gouvernement d’Argentine, à la violation des Droits de l’Homme et à la violation des traités internationaux.
1878 - 1885 : la Conquista del Desierto (Conquête du Désert) : La République d’Argentine s’empare de force du Puelmapu (région aujourd’hui appelée la Patagonie), au moyen de sanglants conflits militaires financés par de puissantes entreprises étrangères. Ces mêmes entreprises sont récompensées par le don de parcelles de terres patagoniennes, chassant tous les peuples présents (notamment Mapuches).
1991 : le rachat d’une parcelle par le Groupe Benetton, d’environ un million d’hectares de terres : extractions (bois, pétrol, argent, zinc) et production (laine).
2000 - 2017 : montée de la résistance Mapuches, qui occupent les terres. En effet, les Mapuches considèrent que ces terres, ancestrales, leur appartiennent de droit: : «toute cette région était considérée comme territoire indigène libre il y a 135 ans. Nos arrières grands parents vivaient sur ces terres. Et puis un jour, les militaires sont venus et ils nous ont tous massacrés ». Pour eux, la Conquête du Désert n’est pas une guerre finie, “elle a juste pris une forme différente”. Par exemple, un scandal éclate contre Benetton en 2002, quand la communauté Mapuche de Santa Rosa Leleque se fait violemment expulser.
2011 - 2012 : L’Université Nationale de Patagonie en collaboration avec l’intervention de spécialistes reconnus en droit indigène ont mené une enquête entre décembre 2011 et mars 2012 au sein des communautés Mapuches. En 2012, le rapport résultant de cette enquête a été invoqué comme preuve en seconde instance pour implorer la reconnaissance des droits humains fondamentaux des Mapuches et droits de propriétés. Mais le puissant lobby des “propriétaires” des terres patagoniennes s’est adressé à la Cour Suprême de Justice de la Nation, et a demandé à l’Etat national et provincial que soit annulée l’enquête territoriale. Sous la pression des propriétaires italiens, le INAI a réalisé une révision du travail des spécialistes de l’université. Sans ce précieux rapport initial, la Communauté manque de preuve essentielle pour la défense de ses droit territoriaux. Par cette révision, le lobby des propriétaires a empêché la révision des concessions frauduleuses faites au sortir de la Conquête du Desert.
A propos de BENETTON, PROPRIÉTAIRE OU NON ?
La Compagnie Benetton avoue s’être « retrouvée involontairement impliquée » dans un « problème historique lié à la création de l’Etat argentin au 19e siècle et sa relation aux peuples natifs qui y habitaient avant sa naissance ». Ce casse-tête juridique fait se confronter le droit ancestral des autochtones, les lois internationales et nationales, avec les lois du marché et les droits de propriété privée. On se demande donc, si le Groupe Benetton est-il vraiment coupable ?
Premièrement, voyons comment la compagnie Benetton a, en bref, acheté une propriété volée : elle l’a rachetée à une société qui avait financé la conquête du territoire ; et qui s’était vue “offrir” par la République une parcelle en échange. Même en laissant de côté l’illégitimité de l’usurpation des terres à l’époque de la Conquête du Desert; autrement dit, même en considérant que ces terres appartiennent depuis la conquête à la République d’Argentine, cette dernière reconnaît dans sa Constitution Nationale (article 75 section 17) la préexistence des peuples autochtones et garantit la possession des terres par ces derniers. Donc, Benetton a racheté des terres à une société qui ne les possédaient déjà pas légalement.
Mais alors, Benetton est-il victime de la situation ? Le groupe n’est pas directement coupable du conflit, mais il n’est pas non plus propriétaire des terres. Il est cependant indirectement coupable, dans la mesure où, agissant en toute connaissance de cause, il est devenu complice. La compagnie Benetton a racheté les terres en bonne et due forme certes, mais elle agissait en pleine conscience des antécédents de la société qu’elle rachetait.
Elle est également indirectement coupable puisqu’elle a le pouvoir de se prononcer et d’agir sur la situation afin de trouver un compromis, elle a aussi le pouvoir d’améliorer les conditions de travail et les salaires des Mapuches qui se sont retrouvés ouvriers. Aussi, en tant que grande entreprise, puissante économiquement et de par sa notoriété, elle a le pouvoir de montrer le bon exemple à l’international en se dépouillant progressivement de ces terres pour faire valoir son caractère éthique. Enfin, si Benetton ne trouve pas d’intérêt économique à participer au bon respect des droits de l’homme, il en trouve un grand à arborer des publicités les défendant. En effet, c’est un peu la marque de fabrique du groupe, qui a pour habitude de faire valoir ces valeurs universelles au moyen de sa stratégie marketing. Une publicité mensongère, pour le moins culottée, qui prend le lourd risque de décevoir ses consommateurs.
Enfin, rappelons que Benetton est coupable d’avoir participé à la pression faite par le lobby des propriétaires des terres de Patagonie lors de la requête des Mapuches devant la Cour Suprême de Justice, pour que soient révisés les résultats de l’enquête et par là-même refusé la révision des concessions frauduleuses, et la reconnaissance des droits humains fondamentaux des Mapuches.
C’est un conflit compliqué, certes. La solution n’est pas simple, les deux camps ont leurs raisons. Mais si nous ne réagissons pas, ce conflit sera petit à petit étouffé par les armées et les années; et c’est une fois de plus, une communauté, une culture unique et complexe toute entière qui disparaîtra au profit d’une multinationale européenne et au profit d’une surconsommation des produits de la mode occidentale. Un destin tragique et injuste sur lequel, nous, consom’acteurs conscients et avides d’éthiques, nous avons le pouvoir d’agir. Enfin, dans un conflit compliqué, nous pouvons considérer que les droits fondamentaux (Droits de l’Homme, droit à la dignité humaine…) priment sur les lois économiques et financières. Alors, mes chers compatriotes, je vous appelle vivement au boycott!
A propos de l’ILLÉGALITÉ DE L’EXPULSION DES MAPUCHES :
Sans parler de la violence dans laquelle s’est effectuée la Conquête du Désert et les répressions et condamnations depuis lors… l’affaire est de fait, condamnable pour violation de nombreux traités et lois.
Violation de la Loi nationale 26894 sur la propriété de la terre : il est prohibé de congédier les peuples autochtones de leurs terres, jusqu’en Novembre 2017.
Violation de l’article 75 (section 17) de la Constitution : cet article reconnaît que les Mapuches étaient présents antérieurement à la création de la République argentine. Selon Amnesty International, “En réalité, ce sont les entreprises pétrolières et minières et les grands ranchs qui se sont implantés, souvent de force, en territoire mapuche et en ont dépossédé les communautés autochtones”.
Violation de la Convention n°169 de l’Organisation internationale du travail (OIT) : ratifié par l’Argentine et incluse dans sa Constitution.
Violation de la Déclaration des Droits des Peuples Autochtones de l’ONU : adoptée par l’Argentine. Non respect notamment de droits constitutionnels tel que le droit au territoire et aux ressources naturelles, le droit à l’autodétermination, le droit au respect de leurs coutumes et le droit de choisir eux-mêmes leurs priorités en matière de développement. Une enquête menée en 2012 par un rapporteur spécial de cette déclaration, conclut que persistait un écart important entre la réglementation et la mise en oeuvre. Même conclusion pour les études menées par Human Rights Watch et l’International Work Group for Indigenous Affairs.
Violation du droit international à propos de la distinction entre défense nationale et sécurité des citoyens : la gendarmerie nationale en Argentine a un statut militaire alors que c’est une force de sécurité intérieure. La prévention, dissuasion et les enquêtes de criminalité doivent être du ressort de la police.
Violation DES DROITS DE L’HOMME :
Ce conflit fut condamné deux fois par Amnesty International
- 2016 : dénonce la stigmatisation et les persécutions croissantes contre les Mapuches, qualifiés de “menaces pour la paix sociale” par l’Etat argentin. (https://amnistia.org.ar/la-lucha-indigena-no-es-delito-estigmatizacion-y-persecucion-al-pueblo-mapuche/).
- Janvier 2017 : demande "des enquêtes exhaustives et impartiales sur les actes de violence". (https://www.amnesty.org/en/documents/amr13/5477/2017/en/)
Liste non exhaustive des conditions de vie des Mapuches chassés de leurs terres :
- Terreur et travail forcé : Depuis que la Patagonie a été conquise, des dizaines de milliers d’indigènes ont été réduits à l’esclavage, forcés de travailler leurs propres terres pour quelqu’un d’autre, d’autres milliers sont morts assassinés.
- Exil forcé en zones urbaines, incompatibles avec leur culture et ses valeurs.
- Extrême pauvreté (ont perdu leurs propriétés, leur nourriture, leurs infrastructures, leurs statuts sociaux…) dont il est difficile de sortir à cause des discriminations. Vivent dans des lieux insalubres compte tenu des températures atteintes en hiver (souvent -10 degrés Celsius).
- Exclusion sociale en zones urbaines, fortes et violentes discriminations qui ne leur permettent pas de sortir de la pauvreté.
- Déshonneur, horreur, de constater les pratiques des industries extractrices qui sont contraires à leur droit «ancestral » et à leurs valeurs. La culture Mapuche est basée sur un respect absolu envers la nature. Pour s’assurer de n’extraire que le stricte nécessaire, ils organisent une cérémonie après l’exécution d’un animal ou l’extraction d’eau dans une rivière, pour marquer le respect envers les ressources et l’importance de son appropriation partielle pour générer la vie. Ils ne coupent jamais du bois eux-mêmes. (...)
- Vivre dans la peur : Ils sortent cagoulés à cause de répétitives disparitions inexpliquées. Ils sont victimes d’actes d’intimidations de la part des civils et des autorités.
- Stigmatisés, accusés de “terrorisme” : pour légitimer la violence de la répression policière (stratégie courante pour défendre les intérêts des gouvernements et des multinationales).
- Répercussions sur leur vie communautaire : tensions et insécurité.
La conquête ne s’est absolument pas faite démocratiquement, mais par la force, la terreur… Témoignage : « Dans les nouvelles fermes des latifundistes, ils[les Mapuches] étaient défendus de parler leur propre langue. Les huincas (hommes blancs) coupaient les oreilles et les langues des Mapuches qu’ils entendaient parler le Mapudungun. Ils coupaient aussi les testicules des hommes et les seins des femmes pour empêcher toute reproduction. C’était une vraie campagne d’annihilation de notre identité ».
Nos revendications :
- Que Benetton plaide pour que soient relâchés les Mapuches qui ont été arrêtés le 11 Janvier ; et pour que les blessés soient soignés et dédommagés correctement.
- Que Benetton ouvre un dialogue avec le gouvernement et la communauté Mapuche pour trouver un compromis réjouissant pour toutes les parties.
- Si les débats n’aboutissent pas à des compromis satisfaisant pour les parties, alors le droit doit trancher en faveur des indigènes, c’est-à-dire respecter les Déclarations de Droit internationales et nationales qui ont été violées : Benetton se retire progressivement de ces terres pour rendre le droit de propriété, comme prévu dans la loi, aux autochtones.
- Que Benetton cesse ses campagnes publicitaires humanistes, en défense et valorisation des droits de l’homme et de la tolérance, si la réalité de ses pratiques n’entre pas sérieusement en cohérence. Elles sont aujourd’hui fallacieuses et trompent le consommateur.
- D’autre part, que l’État Argentin soit dénoncé pour mauvais traitements et violences policières sur hommes, femmes et enfants. Et qu’un débat démocratique soit ouvert à propos de l’indépendance de la “Patagonie”.
Ce conflit n’est qu’un exemple parmi tant d’autres qui illustre la lutte planétaire des autochtones contre l’accaparement (illégal, immoral) des terres et des ressources naturelles réalisé par les multinationales et les industries extractivistes, aidées par les gouvernements, et premiers responsables des dérèglements climatiques et environnementaux. Les enjeux du conflit sont colossaux, de par l’ampleur de la précarité des peuples autochtones, et de par l’ampleur des conséquences s’ils récupèrent leurs terres.
Consom’acteurs conscients, nous ne voulons pas être complices de cette forme de néocolonialisme! Au nom notamment de la Déclaration des Droits des Peuples Autochtones de l’ONU et des Conventions de l’Organisation internationale du travail (OIT), nous refusons de consommer les produits du Groupe Benetton (United Colors of Benetton, Sisley, Playlife, Undercolors of Benetton). J’appelle aussi au boycott des autres compagnies qui occupent de même, des terres appartenant aux indigènes de Patagonie : Lewis, the North Face, et CNN.
Merci
Avancement
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