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Deliveroo : Considérez vos partenaires
Adressé à Deliveroo
Description
Deliveroo est une société en ligne de livraison de repas à domicile fondée en 2013 à Londres au Royaume-Uni. Aujourd’hui présente dans une dizaine de pays et dans de nombreuses villes à travers le monde, cette société est devenue un acteur incontournable dans le monde de la« foodtech ».
En France, la société travaille avec 3 000 restaurants et 7 500 « partenaires ».
Comment fonctionne la plateforme de livraison ?
Le principe :
À travers l’application ou le site Deliveroo, le/la client(e) commande parmi un choix de restaurants et la livraison est effectuée en sous-traitance par des livreurs sous le statut d’autoentrepreneurs. .
Cette mise en relation ne coûte que 2.5€/livraison au consommateur, plus 15 à 30% sur le prix de la commande effectuée auprès du restaurateur.
Le contrat :
Puisqu'ils sont autoentrepreneurs, ils ont des contrats de prestations de services (c’est-à-dire qu'ils s'engagent à réaliser des livraisons sur une période donnée pour cette plateforme).
Ils ne sont donc pas considérés comme des employé.es mais des partenaires. Il est écrit dans le contrat qu'ils sont indépendants.
La liberté des horaires (proposés par Deliveroo...) :
Selon Deliveroo, les livreurs choisissent eux mêmes leurs horaires.
Il est largement possible pour Deliveroo de "surstaffer" les créneaux : la pratique consiste à proposer plus de places qu'il n'y a de commandes prévues.
Ainsi, les commandes sont livrées en temps et en heure ; par contre, des livreurs et livreuses restent désœuvrés. Pas de problème donc pour Deliveroo, les livreurs sont payé.es à la commande : pas de commande, pas de rémunération.
Les plannings sur lesquels les coursiers et coursières doivent s’inscrire pour réserver des créneaux sortent à 8h00 chaque mercredi. À 8h03, ils sont complets à 70%, et à 8h10 à 96%. Il y a donc tout de même un trop grand nombre de livreurs et livreuses en activité par rapport au nombre de commandes.
Le site d'inscription est surchargé à cause du trop grand nombre de coursiers et coursières qui se connectent en même temps. Tant pis pour elles/eux, pas de travail cette semaine.
La méthode de rémunération :
Jusqu’à fin août 2016, l’ensemble des 6 000 livreurs travaillant avec la plateforme étaient rémunérés au minimum à 7.5€/h + 2€/commande (voire 3€ ou 4€ selon l’ancienneté). En septembre 2016, tous les nouveaux contrats signés passent à 5€ la commande (5.75€ pour Paris). Et maintenant, en août 2017, Deliveroo a décidé d’uniformiser ses contrats : c’est-à-dire que l’ensemble de ses 7 500 coursiers seront rémunérés uniquement à la commande. Pratique pour avoir des milliers de livreurs disponibles/connectés et ne pas payer leurs prestations d’astreinte pendant les heures creuses car pas de commandes.
C’est cette nouvelle méthode de rémunération qui entraîne une très forte précarité chez ces travailleurs et travailleuses. En effet, le volume de commandes réalisées par la plateforme varie en fonction de plusieurs éléments qui ne dépendent pas de la volonté du livreur: météo, nombre de coursiers, fin de mois, etc.Il arrive donc souvent à ces travailleurs d’effectuer des heures sans réaliser le moindre euro de chiffre d’affaires. Peu de gens le savent, mais ils sont imposables en tant qu'autoentrepreneur jusqu’à 25% de leur rémunération, 6.2% au début de leur activité si ils sont éligibles à l’ACCRE (Aide au Chômeur Créant ou Reprenant une Entreprise, c'est une exonération partielle de charges sociales durant les premières années d'activité).
Selon Jérôme Pimot, fondateur de l’Union des livreurs à vélo engagés (U’Live), les « anciens » coursiers ont calculé qu’avec le nouveau système ils perdraient « 18 % à 30 % de leur revenu ».
Les conditions de travail et les primes :
En temps qu'autoentrepreneur, ils ne peuvent bénéficier des aides de chômage, pas de congés payés, ni de 13ème mois, d’assurances maladie, etc.
Les vols de vélos sont de plus en plus fréquents et organisés. La pollution dans certaines villes est un véritable danger sanitaire.
Concernant les conditions de sécurité et d’hygiène, aucune formation n’est dispensée. Au sujet des accidents, les plateformes assurent les dommages causés à autrui mais rien concernant ses partenaires.
Afin d'être indemnisé par le RSI, ils doivent avoir cotiser au minimum 1 an. C'est un risque important pour le coursier si un accident arrive le 11ème mois. De même pour un arrêt maladie de moins de 1 semaine, celui-ci n'est pas pris en compte.
Cela est rarement mentionné mais l’entretien du matériel et l’achat d’équipements peut rajouter un coût mensuel proche des 100€/mois.
Certaines villes, de par leur agencement, rendent des trajets plus longs que ceux calculés par l’algorithme de dispatch, qui effectue un calcul à vol d'oiseau. De même pour les livraisons en montées et collines qui épuisent les coursiers et coursières : aucune prime n’est prévue malgré les nombreux retours fait aux bureaux.
Les "primes pluies" sont de moins en moins fréquentes voire inexistantes. À chaque pluie, une bataille s’engage entre les coursiers et le staff pour demander les primes.
Certain.es sont découragé.es par la volonté flagrante de Deliveroo de réduire ses « coûts » au maximum en retardant les réponses, à tel point que certains livreurs ne réclament plus les "primes pluies". En moyenne, il faut compter 2 semaines pour une réponse par mail du support Deliveroo.
La communication :
Deliveroo annonçait jusqu'à maintenant qu'il était possible pour un livreur de gagner 2 000€ par mois voir plus.
L'entreprise communique largement sur l'idée que ces dernièrs étaient bien payés. Il est effectivement possible de gagner 2 000€ par mois pour un livreur mais cela en travaillant plus de 70 heures par semaine. Un employé "au smic" travaillant plus 70h par semaine peut gagner plus de 2 000€ par mois.
En revanche les 4 000 € imaginé par le fondateur sont impossible à atteindre
La réaction des coursiers
Contre-communiqué :
Récemment ils sont entrés en grève à Paris, Lyon, Bordeaux et Nantes le dimanche 27 et lundi 28 août (jour où la nouvelle rémunération prend effet).
Les coursiers ont été choqués et révoltés. En effet, selon eux, "Deliveroo manipule les médias et l’opinion publique via son communiqué de presse envoyé aux rédactions le 11août 2017. Les contre-vérités qui y sont présentées doivent être définitivement disséquées afin de mettre en évidence le fait que Deliveroo pratique un double discours."
Le premier point et l'un des plus importants serait de donner la possibilité aux coursiers d’être reconnu.es et représenté.es. Aujourd’hui, ils affirment qu'aucune communication ni dialogue ne sont possibles avec eux.
De plus, Deliveroo en à profiter pour "remercier" 1 000 de ses coursiers par mail, sans motif comme le veut le contrat qu’ils ont signés.
Rappel Take Eat Easy :
Afin de rappeler la précarité de leur situation, nous vous invitons à vous renseigner sur l’entreprise Take EaT Easy. Du jour au lendemain,4 500 livreurs se sont retrouvés sans job
L’entreprise croule actuellement sous les poursuites en justice de centaines de livreurs car les 2 000 livreurs ayant travaillé en juillet n’ont tout simplement pas été payés !
Rendez-vous le 27 septembre pour la délibération du procès pour salariat déguisé.
Revendications
Afin d’améliorer leur condition et d’éviter un scénario similaire, les collectifs de coursiers ont définis des revendications précises :
- La reconnaissance des groupes, syndicats et collectifs de coursiers.
- Le gel immédiat des recrutements.
- La négociation d’un nouveau contrat de travail avec une négociation bilatérale des tarifs des courses.
- Le respect de l’indépendance des coursiers.
- Une politique de transparence et de communication autour des données de la plateforme, chiffre d’affaires, effectifs, et volumes.
- Une gestion des plannings concertée avec les collectifs.
Conclusion
Cette campagne de boycott fait écho aux récentes manifestations des coursiers. Plusieurs manifestations ont été organisées mais Deliveroo continue de faire la sourde oreille.
C’est pourquoi nous, consom’acteurs, devons montrer notre soutien aux coursiers en boycottant la plateforme de livraison.
De plus ce ne sont plus les seuls à se plaindre de ce système, un restaurateur témoigne de son expérience avec Deliveroo :
Campagne modifiée par Arthur Dubois de Matteis avec l'autorisation de son créateur.
Merci
Avancement
Où en est-on dans la campagne ?
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