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Lactalis : Faites du beurre éthique, pas toxique !
Adressé à Lactalis
Pourquoi boycotter Lactalis ? Le géant laitier est à nouveau dans le viseur des scandales après une enquête inédite du média d'investigation Disclose : - Pollution massive de rivières - Tromperie des consommateurs (fromages souillés et desserts coupés à l'eau) - Inactions graves dans l'affaire des produits contaminés à la salmonelle (problèmes d'hygiène importants dans les usines de production) - Évasion fiscale massive (1,3 milliard d'euros évadés entre 2017 et 2019) NOS REVENDICATIONS : - La mise en conformité immédiate de Lactalis avec le code de l'environnement - La mise en place d'opérations de dépollution des rivières - Le respect de la loi encadrant le recyclage de fromages souillés - L’arrêt immédiat du “mouillage du lait” (couper du lait avec de l'eau) - La mise en conformité immédiate de Lactalis avec les normes d'hygiènes en vigueur - La reconsidération du dédommagement versé aux victimes (bébés) de la contamination à la salmonelle et à leurs familles - La mise en conformité immédiate de Lactalis avec le droit fiscal français et européen - La coopération de Lactalis pour tout redressement fiscal Rejoignez cette campagne et interpellez vos proches et élus locaux sur les dérives graves de Lactalis ! Soyons toutes et tous acteurs du changement ! Pour plus d'informations, nous vous invitons à lire le descriptif complet !
Description
Quatre ans après avoir lancé une campagne de boycott qui avait mobilisé plus de 20 000 consom'acteurs et consom'actrices sur la trop faible rémunération de ses fournisseurs de lait, nous avons du nouveau sur la multinationale Lactalis !
Des révélations graves et inédites nous sont parvenues et de tels agissements ne peuvent être ignorés plus longtemps. Par conséquent, nous avons décidé de lancer une nouvelle campagne de boycott contre le géant du lait.
Pour rappel, Lactalis est une entreprise française du secteur de l'agroalimentaire. Il s'agit du premier groupe laitier et fromager mondial. Chaque année en France, Lactalis transforme 5 milliards de litres de lait en produits qui inondent les rayons des supermarchés.
Depuis des années, Lactalis vante une image d'entreprise locale et bienveillante :
Nous sommes l’addition de centaines d’entreprises locales. Nos services centraux restent réduits : on délègue beaucoup. (Emmanuel Besnier)
Stratégie de proximité, respectueuse de son environnement, de ses hommes et exigeante en matière de qualité sanitaire. (Lactalis)
Cette communication officielle cache en réalité une véritable culture du secret sur les pratiques du géant laitier. Cette opacité avait déjà été révélée il y a quelques années, lorsque l'on apprenait les pressions inacceptables qu'exerçait Lactalis sur ses fournisseurs de lait ou les refus répétés d'Emmanuel Besnier (PDG de Lactalis) de publier les comptes de l'entreprise.
Disclose, média d'investigation et ONG à but non lucratif, a enquêté sur le système Lactalis pendant un an et a recueilli des informations qui devraient toutes et tous nous interpeller. Avec le recueil de témoignages inédits ainsi qu'un travail rigoureux d'analyse de centaines de documents administratifs et judiciaires, il a été découvert que Lactalis multipliait les dérives graves depuis des années : manquements à la sécurité alimentaire ; pollution massive des rivières ; dissimulation d’informations ; faillite des mécanismes de contrôle ; course aux profits ; évasion fiscale à grande échelle ; chasse aux lanceurs d’alertes…
Cette nouvelle campagne de boycott est évolutive, ce qui signifie que l'on vous révélera au fur et à mesure les révélations inédites de Disclose. Nous vous invitons donc tous et toutes à rejoindre cette campagne pour recevoir toutes les futures informations et révélations de de Disclose sur le géant laitier Lactalis.
ACTE 1 : MANQUEMENTS GRAVES AU CODE DE L'ENVIRONNEMENT
Depuis dix ans, Lactalis déverse des rejets toxiques dans les cours d’eau français. Plus de la moitié des usines du groupe laitier ont été ou sont toujours en violation du code de l’environnement. Avec des conséquences dramatiques. (Disclose)
Entre 2010 et aujourd’hui, Disclose a découvert que 38 usines Lactalis ont été ou sont toujours en infraction avec le code de l’environnement, le recueil de lois qui encadre le droit en la matière. Soit plus de la moitié des 60 établissements recensés et analysés dans le cadre de cette enquête. La particularité de ces usines : ce sont toutes des installations classées pour la protection de l’environnement, ou ICPE.
Pour faire cet état des lieux, Disclose a obtenu et analysé des centaines de documents publics issus de la DREAL et de la DDSCPP, les deux services de l’Etat chargés du contrôle des installations classées, sous la tutelle des préfectures. Les infractions relevées sont lourdes de sens : prélèvement en eau et rejets d’effluents supérieurs aux volumes autorisés, pollutions délibérées de cours d’eau, négligences ayant entraîné la destruction de la faune et la flore.
(Image fournie par @upian @disclose)
Ces défaillances répétées dans le temps sont d'autant plus condamnables que Lactalis a touché de l'argent publique pour moins polluer. Selon Disclose, sur les 18 dernières années, Lactalis aurait ainsi touché 40 millions d'euros de la part des Agences de l'eau française pour mettre aux normes les 38 sites polluants ou non-conformes recensés. Une mise au norme que Lactalis n'a jamais suivi dans les faits...
(Image fournie par @upian @disclose)
NOS REVENDICATIONS POUR L'ACTE 1 :
- La mise en conformité immédiate de Lactalis avec le code de l'environnement
- La mise en place d'opérations de dépollution des cours d'eaux concernés
ACTE 2 : Recyclage de fromages souillés, “mouillage du lait” et denrées falsifiées
Recyclage de fromages souillés
Au travers de son enquête, Disclose a recueilli les témoignages d'anciens salariés et fournisseurs de Lactalis. Ces témoignages montrent que Lactalis pratique non seulement les licenciements abusifs mais surtout une politique interne dangereuse et illégale dans les processus de fabrication de leurs produits.
Yohann Quesnel, 40 ans, éleveur de Vaches à Montaigu-les Bois, dans la Manche a travaillé 17 ans pour l'usine Lactalis de Sainte-Cécile. Après avoir été licencié abusivement en septembre 2016 par Lactalis, il poursuit le géant laitier devant les prud'hommes d'Avranches.
(Photo fournie par @Nicolas Serve @disclose)
Dans le dossier qu'il prépare pour sa défense Yohann conserve précieusement une note confidentielle de Lactalis : une feuille A4 rédigée en août 2016 à destination des salariés de l'usine de Sainte-Cécile et intitulée "Orientation fromages au sol". Ce document précise la marche à suivre pour les fromages tombés par terre. Pour les camemberts manifestement « souillés avec corps étrangers de type bois, graisse ou eau », la note indique qu’ils doivent partir à la poubelle. Pour ceux ayant une « apparence » un peu plus acceptable, les salariés sont tenus de les mettre dans un bac bleu destiné à être remis dans le circuit destiné à la filière humaine. En revanche, un « jour d’audit », la consigne est claire : tous les fromages doivent être « mis à la poubelle » sans distinction.
Cette note de service prouve que Lactalis a menti. Pendant dix-sept ans, j’ai vu des produits souillés partir à la fonte pour en faire du fromage à pizza ou de La Vache qui rit alors qu’ils auraient dû aller à l’alimentation animale… Mais ce n’était pas la politique de l’entreprise. (Yohann Quesnel)
Avant d'être licencié, Yohann avait signalé le problème en interne mais rien n'a été fait. Lors d'une inspection effectuée par la la direction départementale de la cohésion sociale et de la protection des populations (DDCSPP) de la Manche, l'anomalie est également constatée dans un rapport de décembre 2016 : « Le recyclage des fromages tombant au sol n’est pas clairement défini dans le plan de maîtrise sanitaire [de l’usine] ». Pour son enquête, Disclose a contacté la DDSCPP suite à ce rapport, la réponse du service a été de dire que le problème avait été corrigé depuis son inspection. Cependant, à la lumière des différents scandales qui ont entaché Lactalis et l'opacité qui règne en interne, rien ne nous assure que le problème a été réellement corrigé.
Le 21 décembre 2018, la Société fromagère de Sainte-Cécile (appartenant à Lactalis) est condamnée à verser 20 000 euros à Yohann Quesnel pour "licenciement abusif" en raison de son engagement syndical.
Ceux qui dérangent, on les élimine. (Yohann Quesnel)
Le mouillage du lait
Dominique Czerkies, un ancien employé sur le site Lactalis de Cuincy (département du Nord) a lui aussi été victime de licenciement abusif en mai 2018. Tout comme Yohann, il a lui aussi contesté son licenciement devant les prud'hommes.
(Photo fournie par @Nicolas Serve @disclose)
Actuellement en l'attente du jugement, il a décidé de révéler à Disclose des pratiques inacceptables du géant laitier. Dominique a travaillé pendant 20 ans sur le site de Cuincy. Ce site est particulièrement connu pour produire les fameux desserts La Laitière, qui représentent pour beaucoup de français un dessert typique et de qualité.
Au nom de l'intérêt général, Dominique a décidé de livrer un secret bien gardé de fabrication : le recyclage des crèmes desserts. Selon cet ancien employé, quand les tuyaux de l'usine sont rincés avec de l'eau, le mélange d'eau et de produit lacté serait stocké dans un bac avant d'être renvoyé dans des cuves dites de recyclage pour être réinjecté par petite dose dans les cuves destinées à la fabrication de nouveaux desserts.
Dans la liste des ingrédients des crèmes desserts Lactalis il n’y a aucune trace d’eau. (Dominique Czerkies)
Ce témoignage inédit d'un ancien employé a été confirmé par un ancien cadre de l'usine, qui a décidé de témoigner sous couvert d'anonymat. Selon lui, le recyclage vise un seul objectif : le profit, au détriment de la qualité.
Le recyclage sert à gagner toujours plus d’argent et jeter toujours moins de produit. Ce qu’on donnait aux cochons à l’époque, on le met dans les petits pots et quand ce sont des milliers de litres qui retournent tous les jours dans des pots, ça fait beaucoup de petits pots produits en plus. (Ancien cadre du site Lactalis de Cuincy)
Une standardisation illégale des produits laitiers
Dans son enquête rigoureuse, Disclose a obtenu un document confidentiel sur les procédés de fabrication des fromages. Dans ce guide de 386 pages destiné aux techniciens du groupe, un chapitre est consacré au "calcul de la standardisation". La standardisation est un processus courant dans l'industrie laitière, il s'agit d'obtenir un lait de qualité identique toute l'année. La plupart du temps, il s'agit d'enlever de la matière grasse des produits laitiers pour l'utiliser dans la fabrication des produits dérivés comme le beurre. Ce processus permet des gains de rentabilité et une optimisation des coûts de matières. Cette pratique est strictement encadrée par la loi. Or, il s'avère que Lactalis irait encore plus loin que ce qui est prévu par la loi. Dans le fameux guide de Lactalis, nous pouvons lire aux pages 142 et 143, que "dans la réalité industrielle, les standardisations sont souvent plus complexes" et que par conséquent il peut s'avérer nécessaire d'ajouter de l'eau et des protéines dans le lait.
(Image fournie par @upian @disclose)
Cependant, comme nous l'apprend Claudine Yedikardachian, rédactrice en chef de Lamy, une revue spécialisée en droit alimentaire, cette pratique de "mouillage du lait" (couper du lait avec de l'eau) est strictement interdite.
Lactalis standardise le lait entier en rajoutant du rétentat riche en protéine, de la crème riche en matière grasse et jusqu’à 15 % d’eau, ce qui est clairement interdit par la réglementation européenne et nationale. (Claudine Yedikardachian)
Le "mouillage du lait" n'est pas une nouveauté pour Lactalis puisque le géant laitier avait déjà été condamné en novembre 2008 pour falsification des denrées.
Encore une fois, Lactalis affirme que l'entreprise respecte "strictement la réglementation qui interdit formellement le mouillage du lait". La présence de ce guide interne où le contraire est affirmé laisse encore une fois planer des doutes sur l'honnêteté de la communication officielle.
Denrées falsifiées
Disclose a également découvert qu'il y avait une information judiciaire en cours contre Lactalis suite à une plainte datant de mai 2018 de l'entreprise Serval contre le géant laitier pour "escroquerie, falsification de denrées et tromperie sur la marchandise".
Serval, une entreprise spécialisée dans l'alimentation pour jeunes animaux a découvert que plusieurs de ses veaux étaient tombés malades en 2016 après avoir été nourri avec de la poudre de lactosérum, un liquide obtenu par coagulation du lait et riche en protéines, fabriquée dans l'usine Lactalis de Forlasa, en Espagne. L'entreprise Serval fait donc analyser le lactosérum et découvre que le produit serait en réalité composé de lait de vache mélangé à du lait de chèvre et de brebis. Or, il est impossible de réaliser ce mélange puisque le cahier des charges à respecter indique que "la poudre est obtenue à partir de lactosérum de vache". L'autre découverte de cette analyse : le taux de protéines est plus élevé que la normale pour ce type de produit. Serval soupçonne donc très vite Lactalis de rajouter du perméat à la préparation. Dans le cadre de cette information judiciaire, Serval aurait avancé des preuves que Lactalis livrait bien un mélange mixte (et donc illégal) contenant "en moyenne 70% de lactosérum et 30% de perméat". Pour l'instant, seule une perquisition a eu lieu dans les locaux de Lactalis Ingrédients le 1er avril 2019 et aucune mise en examen a été prononcée.
NOS REVENDICATIONS POUR L'ACTE 2 :
- Le respect de la loi encadrant le recyclage de fromages souillés
- L’arrêt immédiat du “mouillage du lait”
ACTE 3 : SALMONELLE, LE RETOUR
Dans son enquête, Disclose revient sur l'affaire des produits infantiles contaminés à la salmonelle. Après étude des documents et audition du patron de Lactalis Emmanuel Besnier, le média d'investigation lève le voile sur les dissimulations du géant du lait.
En décembre 2017, un scandale sanitaire éclatait en France. Des centaines de produits infantiles étaient contaminés par la Salmonella Agona, dite salmonelle, une bactérie potentiellement mortelle pour les nourrissons. "Fièvre 40 °C, diarrhée, sang dans les sels, hospitalisé depuis hier. Test par l’hôpital positif à la salmonelle.", déclare un signalement du 4 novembre 2017, la situation est critique. En l’espace d’un mois, pas moins de 32 800 appels sont archivés par les standardistes du numéro vert mis en place pour répondre aux familles des victimes. Pourtant, il a fallut attendre plus d'un mois avant que l'intégralité des produits fabriquées dans l'usine contaminée parte à la destruction.
Disclose, après consultation de l'enquête de la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) notamment, nous partage des conclusions accablantes.
Rétention d'informations
D'après l'enquête, Lactalis avait connaissance de la présence de salmonelle dans cette usine des mois avant l'alerte. Le groupe n'aurait coopérer que partiellement lorsque les autorités leur demandait l'état des lieux sanitaires de l'usine en décembre 2017. En effet, le géant du lait avait retenu certains résultats de ses autocontrôles.
L’entreprise nous communiquait les résultats de ses autocontrôles sur les produits finis. Tous ces résultats étaient négatifs, explique-t-elle. [On] se demandait comment la salmonelle avait pu se retrouver dans les produits incriminés. [On] a insisté pour savoir si l’entreprise n’avait pas connaissance de résultats positifs. C’est suite à cette demande qu’[elle] a évoqué deux résultats positifs (Inspectrice de la DGCCRF)
Cette révélation interpella la DDCSPP qui avait contrôlé le site trois mois auparavant, à elle aussi, le groupe avait dissimulé ces résultats positifs.
Le verdict de la DGCCRF est sans appel, il s'agissait là d'une stratégie qui aurait consisté à :"maîtriser la communication en limitant les intervenants autorisés, en limitant les réponses au strict sujet des questions posées, en ne diffusant pas spontanément les informations même lorsque cela concerne des produits non-conformes ou le statut sanitaire de l’usine”.. Et ce afin de "minimiser voire dissimuler les défaillances de Célia et du groupe".
Alors que la déclaration des premiers cas de salmonellose remontent à l'été 2017, le groupe laitier se gardait bien de prendre des mesures sanitaires pour freiner la bactérie. Une inaction d’autant plus troublante que les analyses positives du mois d’août était déjà connues en interne.
Expertise maquillée
Une fois le scandale au coeur des débats, Lactalis organisa la visite d'un expert en sécurité sanitaire des aliments dans l'espoir de se dédouaner de sa responsabilité dans cette affaire.
Malgré les efforts des employés de l'usine pour mettre l'usine au carré, le rapport d'expertise ne ment pas : "Il y a un manque de culture de la sécurité alimentaire", une "refonte complète du plan de maîtrise sanitaire reste encore à faire".
Ne pouvant laisser de telles jugements paraître aux yeux de tous, la direction de Lactalis a jugé bon de revoir avec l'auteur du rapport sa version finale afin de modifier quelques "tournures de phrase", parmi elles une hypothèse embarrassante : une souche de salmonelle vieille de douze ans qui aurait contaminé plusieurs tonnes de lait en poudre.
Égouts débordants
Enfin, la fabrication du lait nécessitant un vigilance accrue, le groupe dispose d'une direction qualité (DQG) pour assurer le respect du plan de maîtrise sanitaire. Entre 2008 et 2017, cette direction a contrôlé 29 fois le site de Craon. Et presque à chaque fois, des problèmes d’hygiène ont été soulevés. En 2014, le DQG lançait une alerte à la salmonelle, la cause : les équipements ainsi que les égouts n'étaient pas nettoyés correctement.
Oui, il y a eu des manquements en matière d’hygiène chez Lactalis (…). Des problèmes existant en [2015] existaient toujours en 2017. (Responsable des achats de Régilait)
Pourtant, les 14 cadres et dirigeants du groupe Lactalis, lorsqu'ils furent entendus sous le régime de la garde à vue, affirmèrent le contraire, Emmanuel Besnier le premier.
NOS REVENDICATIONS POUR L'ACTE 3 :
- La mise en conformité immédiate de Lactalis avec les normes d'hygiènes en vigueur relatives à la fabrication de ses produits
- La reconsidération du dédommagement versé aux victimes de la contamination à la salmonelle et à leurs familles
ACTE 4 : ÉVASION FISCALE MASSIVE
De 2017 à 2019, Lactalis a évadé plus de 1,3 milliard d’euros du chiffre d’affaires de sa branche française et plusieurs centaines de millions d’euros de ses filiales européennes par différents mécanismes vers une société écran Luxembourgeoise détenue par la famille Besnier. (Disclose)
Selon des documents inédits que s'est procuré Disclose, Lactalis aurait monté une ingénierie financière colossale pour échapper à l'impôt français. Ce montage financier aurait permis au géant laitier de faire échapper 220 millions d'euros au fisc français entre 2013 et 2018.
Les labyrinthes de la fraude fiscale
L'ogre du lait n'est pas uniquement dans la course ultime au profit vis-à-vis de ses fournisseurs. Chez Lactalis, du verre de lait à l'assiette fiscale, il n'y a pas de petites économies. (I-buycott)
L'évasion française
Les usines françaises de la multinationale sont constituées sous une forme juridique atypique, la société en nom collectif (SNC). Un statut qui permet de ne pas payer d’impôt sur les sociétés et de faire remonter les bénéfices vers des sociétés holding françaises payant leurs impôts en France. Théoriquement, cela ne pose pas de problème. Cependant, la réalité est bien différente car selon les informations contenues dans l'enquête de Disclose, Lactalis fait remonter les bénéfices de ses usines vers la Belgique.
Le procédé d'évasion fiscale commencerait dès la collecte du lait par les camions de Lactalis jusqu'à l'acheminement vers les laiteries et fromageries Lactalis. Puis, les usines Lactalis produisent des factures d'achat du lait qui partent vers la maison mère du groupe, la société BSA France. Disclose a réussi à obtenir les comptes 2019 de la société BSA France. Cette société affiche un bénéfice net de 80,5 millions d’euros. C'est donc elle qui paye le lait aux producteurs mais ces derniers attendent leur règlement quarante jours.
Des délais excessivement longs qui s'expliqueraient par la mise en oeuvre du montage financier. Ces délais permettent à Lactalis de créer une dette fictive au sein même du groupe. Une dette que BSA France va ensuite faire remonter vers sa holding belge, BSA International. Pour la seule année 2019, la dette liée au paiement des éleveurs a atteint la somme colossale de 906 millions d’euros dans les comptes de la société Belge.
Selon Disclose, une autre évasion de bénéfices serait à l'oeuvre mais cette fois sous la forme de remboursement de prêt. Dans les comptes BSA France de 2019, près de 1,3 milliard d’euros ont été empruntés auprès d’une autre société du groupe Lactalis : Nethuns. Une succursale financière basée au Luxembourg et détenu par BSA International. Ces prêts sont des emprunts participatifs, c’est-à-dire des prêts entre deux sociétés d’une même entité. Ces prêts sont bien connus pour être utiliser dans des montages financiers frauduleux pour faire remonter les bénéfices d’une société A vers une société B. Selon Disclose, Lactalis aurait également eu recours à cette méthode. Cet emprunt participatif permet de générer une baisse du bénéfice de la société en France et donc mécaniquement une baisse de son impôt sur les sociétés.
Entre 2018 et 2019, le résultat net de BSA France passait ainsi de 100 millions d’euros à 80,5 millions d’euros. Une diminution permettant à l’entreprise de payer un impôt sur les bénéfices de 33 millions d’euros, soit 55 % de moins qu’en 2018, lorsqu’elle s’était acquittée de 74 millions d’euros d’impôts.
L'évasion européenne et internationale
Les agissements de Lactalis ne se limite pas à la France. Disclose s'est également procuré des informations montrant que le géant laitier pratique l'évasion fiscale à toutes les échelles. Selon le média d'investigation, la multinationale du lait utiliserait le même mécanisme pour diminuer sa feuille d’impôt dans plusieurs pays européens. Au Royaume-Uni, le groupe procède à la remontée de bénéfices de sa filiale Lactalis McLelland par les 17,8 millions d’euros de l’emprunt contracté auprès de Nethuns. Des remontées de bénéfices qui s’opéreraient également depuis Lactalis Iberia, leader sur le marché espagnol. En 2018, l’entreprise a emprunté plus de 600 millions d’euros auprès de Nethuns, selon des documents financiers obtenus par Disclose.
BSA International : Le centre névralgique de l'évasion fiscale
Ce qu'a découvert Disclose est que la holding belge BSA International est le point névralgique du montage financier du géant laitier au niveau mondial. Domiciliée dans la ville d’Anderlecht, cette holding détient l’ensemble des filiales françaises et internationales du groupe Lactalis. Pour réaliser l'opération à toutes les échelles, Lactalis utilise un système de facturation entre les différentes filiales et BSA International. Les filiales de Lactalis deviennent donc des clientes de BSA International envers qui elles ont des créances pour le paiement de leur facture. En 2017, les créances de BSA International atteignaient plus de 1,4 milliard d’euros. Selon les calculs de Disclose, près de 32 % de ces créances étaient de la facturation entre les différentes sociétés du groupe Lactalis.
Les créances accumulées par BSA International sont ensuite à leur tour remontées vers la société Nethuns détenue conjointement par la holding belge et la Société Général Bank and Trust (SGBT).
En 2016, cette société (SGBT) avait été épinglée lors du scandale des Panama Papers pour s’être spécialisée dans la création de société offshore au Panama, dans les îles Vierges et aux Seychelles. Interrogé sur ses pratiques fiscales, Lactalis a affirmé à Disclose que la banque SGBT apportait uniquement son "expertise bancaire" au géant laitier. Pourtant l'implication de la SGBT au sein de Nethuns est avérée. Selon Disclose, cette banque serait sûrement la clé de voûte du système d’évasion fiscale mis en place par Lactalis.
C'est ici que se jouerait l'opération la plus complexe du montage fiscale Lactalis : la conversion de créance en capital. Les créances de BSA International sont converties d’une part en actions financières dans Nethuns pour BSA international et d’autre part en dividendes pour les bénéficiaires cachés derrière la banque SGBT. Disclose a interrogé Lactalis pour savoir qui se cache derrière la Société Général Bank and Trust. Dans sa réponse, le groupe assure qu’« aucun membre de la famille Besnier n’est bénéficiaire de la société Nethuns ». Une affirmation fausse. Disclose a obtenu des documents inédits du registre du commerce du Luxembourg, qui dévoilent qu’Emmanuel Besnier, Marie-Madeleine Besnier et Jean-Michel Besnier sont tous les trois bénéficiaires effectifs de la société écran.
(Image fournie par @upian @disclose)
Le beurre et l’argent du beurre
En parallèle de cette évasion fiscale massive, Lactalis a également touché des aides publiques considérables. Depuis 2000, Lactalis a touché plus de 191 millions d'euros d'argent public :
- 44 311 888 euros de la part des Agences de l'eau
- 29 836 899 euros de la part des Collectivités et du Fonds européen agricole pour le développement rural (FEADER)
- 800 000 euros (en 2013), 13.8 millions d'euros (en 2014), 20.9 millions d'euros (en 2015), 60 millions d'euros (de 2016 à 2018) provenant du CICE (Crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi)
- 21.5 millions d'euros (en 2016) de la PAC (Politique Agricole Commune)
NOS REVENDICATIONS POUR L'ACTE 4 :
- La mise en conformité immédiate de Lactalis avec le droit fiscal français et européen
- La coopération de Lactalis pour tout éventuel redressement fiscal
En attendant la suite des évènements, nous vous invitons tous et toutes à consulter l'enquête de Disclose en intégralité ici : https://lactalistoxique.disclose.ngo/fr/
Pour aller plus loin :
- Podcasts de Disclose sur Lactalis diffusés par France Culture : https://www.franceculture.fr/personne/disclose
- Replay Envoyé Spécial sur Lactalis du jeudi 22 octobre sur France 2 : https://www.france.tv/france-2/envoye-special/2048745-emission-du-jeudi-22-octobre-2020.html
Au sein de notre application mobile BuyOrNot, un simple scan vous permet de retrouver facilement tous les produits Lactalis concernés par cette campagne de boycott !
Soyons tous et toutes acteurs du changement ! #BoycottLactalis
Merci
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